Mon travail consiste à réunir des entités divisées, séparées, oubliées dans une nouvelle forme d'unicité.
Ces constructions ancrent les traces d'événements passagers d’un monde de rebuts en les consolidant dans des assemblages. Mes créations découlent d’une série d’expériences continuelles dans lesquelles je cloue les fragments du quotidien qui ont un rôle de fétiche en réutilisant les matériaux et en les détournant de leur fonction originelle pour donner lieu à des objets vivants, des objets mémoires, en devenir, qui conjurent la fuite du temps.
Le présent, le souvenir, l’espoir, fusionnent.
Le statut de déchet par rapport à l’homme est celui de l’appartenance. Le déchet destiné à disparaître est la preuve, le témoin.
Témoin et mémoire, considéré comme rien ; il est la négation même du rien puisqu'il est présence sans cesse renouvelée.
Un détritus reste, et à sa manière, raconte mon histoire ; il n’est pas innocent, il nous livre notre proximité, notre intimité.
Les bases de la récupération sont la gratuité et l’appropriation. L’espace de l’innommable et de l’infini est gratuit.
Récupérer, c’est accepter ce don à l’inconnu qu’est l’acte de jeter. S’approprier, c’est rapprocher l’objet du corps, le prendre avec d’autres mains, le nommer à nouveau, lui donner une valeur et une fonction. Il y a refus total de la perte. Si l’on associe la perte à la mort, il s’opère une négation totale de la mort. Accumuler ces détritus serait se définir comme vivant contre la perte, vivant contre la mort.